Guinée / Crise post-électorale : Barry Boubakar du FND propose à A Condé un dialogue permanent avec l’opposition
1431 Vues

Par la Nouvelle Afrique
Comme l’on devait s’y attendre, la Guinée s'enfonce dans une crise post-électorale au lendemain de la proclamation, par la Cour constitutionnelle, d’Alpha Condé comme le vainqueur des récentes élections présidentielles. A ce jour, des incidents continuent de se produire un peu partout, avec leurs cortèges de malheurs. Des manifestants acquis à la cause de l'opposition, font face aux forces antiémeutes. Cela conduit de nombreux observateurs à soutenir que ce n’est pas de sitôt que les génies de malheur vont quitter ce pays. Les appels au dialogue lancés par des partenaires étrangers sont loin d’aboutir à des résultats escomptés. Et avec la récente déclaration du président français, Emmanuel Macron qui a déclaré, dans une interview au magazine panafricain Jeune Afrique, que l’actuel chef de l’Etat guinéen n’avait modifié la Constitution que pour se maintenir à tout prix au pouvoir, il ne fait pas de doute que le feu ne s’éteindra pas vite en Guinée. Le pays du célèbre chanteur, feu Mory Kanté, risque d’aller à vau-l’eau, au regard indifférent de la communauté internationale.
Malgré ce déni du président français, et des agitations de l’opposition, il est des voix au sein de la jeunesse guinéenne qui soutiennent que l’on peut plus revenir en arrière, mais plutôt aller résolument de l’avant en mettant en place un climat susceptible de permettre la cohabitation pacifique entre toutes les couches sociales. A cet effet, tout en reconnaissant la victoire incontestable d’Alpha Kondé à la dernière consultation électorale ; ils estiment que le pays ne pourrait repartir de bon pied que si un certain nombre de mesures courageuses sont prises par le chef de l’Etat.
Parmi ces jeunes, l’on peut citer Barry Boubacar, vice-président du parti FND, allié à la mouvance présidentielle avec le Rassemblement du peuple de Guinée –RPG-, le parti de l’actuel chef de l’Etat. Résidant à Paris, ce dernier fait aussi partie des jeunes activistes pour le panafricanisme. Au cours d’un entretien exclusif accordé à notre journal, le vice-président du FND soutient, d’entrée de jeu, que le président Alpha Kondé a bel et bien gagné cette élection étant donné qu’il a obtenu le score de 59,20% des voix au premier tour, une majorité exigée par les institutions de Guinée. A son avis, cette victoire ne peut faire l’objet d’une quelconque contestation, dans la mesure où le peuple guinéen a prouvé sa maturité en choisissant la voie de la sagesse. Bien plus, dit-il, l’ancien Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo, dépêché en Guinée comme responsable de la mission d’observation de l’Union africaine, a déposé un rapport qui reflète la réalité dudit scrutin. Malgré cela, des morts, surtout des jeunes, ont été enregistrés. Ce qu’il déplore amèrement.
Le pays des contestations politiques
Pour Barry Boubakar, les incidents qui se sont produits dans son pays après les élections, ne font que traduire la triste image que renvoie la Guinée, celle d’un pays de contestations politiques dues au manque de confiance entre les acteurs politiques, toutes tendances politiques confondues. Pour le démontrer, il a rappelé les désordres survenus lors de l’élection présidentielle de 2010. Pourtant, soucieux de résoudre ce conflit et de ramener la paix et stabilité en Guinée, le chef de l’Etat avait fait appel au général Cissé du Mali. Malheureusement, sa médiation n’avait pas réussi à ramener aux meilleurs sentiments les acteurs politiques ainsi que des cadres qui occupent des responsabilités. Il en est de même de celle de 2015 où des incidents avaient provoqué des pertes en vies humaines et matérielles. Pour lui, cela montre l’incapacité des uns et des autres de reconnaître la vérité, la réalité des faits. C’est ce courage-là qui fait défaut dans le chef surtout des cadres guinéens.
Concernant le bilan des actions du président réélu, le vice-président du parti FND exprime des nuances. D’entrée de jeu, il avoue qu’à son avènement au pouvoir en 2010, le président Alpha Kondé avait rétabli la coopération avec les partenaires traditionnels de la Guinée, et fait revenir son pays sur la scène internationale. Sur le plan économique, ses actions avaient permis le paiement des dettes, au point de faire accéder la Guinée au Programme des Pays Pauvres très Endettés –PPTE- de la Banque mondiale. Concernant le plan sécuritaire et social, Barry Boubakar reconnait que le chef de l’Etat avait reconstitué les forces de défense et de sécurité, créé des emplois et attiré, par des initiatives incitatives, de nombreux investisseurs. Cependant, il regrette amèrement qu’Alpha Kondé ne se soit pas montré capable de lutter efficacement contre l’enrichissement illicite de nombreux cadres, surtout ceux de la mouvance présidentielle ; les détournements de deniers publics ; la corruption et l’injustice.
Apaiser les tensions politiques
C’est ainsi que pour lui, la voie de sortie de crise qu’il propose devrait passer inévitablement par un certain nombre de mesures que le chef de l’Etat se doit de prendre au plus vite. Pour cela, il encourage Alpha Kondé à privilégier le dialogue, à tendre la main à l’opposition politique et à la société civile qui contestent vivement son troisième mandat. Par la suite, il suggère la dissolution de l’Assemblée nationale issue des élections législatives de mars 2018, de manière à permettre à l’ensemble des acteurs politiques de l’opposition de participer aux futures élections législatives. Plus loin, il propose l’installation des chefs de quartiers, la mise en place d’une justice transparente et capable de dire le droit en toute impartialité, de mettre un terme aux assassinats, et de libérer les prisonniers politiques. Il doit aussi éviter la justice de vainqueur.
Toutes ces mesures, estime-t-il, permettraient d’apaiser les tensions et restaurer un climat de confiance entre les acteurs politiques. Car, conclut-il, ce qui se passe présentement en Guinée mérite que les victimes soient rétablies dans leurs droits et que les coupables des actes illégaux soient poursuivis et sanctionnés.
Lire aussi : RDC : L'an 1 de Félix Tshisekedi au pouvoir, un parti Guinéen voit d'un bon œil
La Nouvelle Afrique