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Bruno Tshibala Nzernzhe a été relâché le mardi 29 novembre. Il a passé 50 jours de détention sans être jugé. Mardi, il a été reçu immédiatement par Etienne Tshisekedi wa Mulumba. De quoi ont-ils parlé. On peut gager que "Tatu Etienne" n’a pas manqué de lui demander le motif de son arrestation autant que les conditions de sa libération.
Dès l’annonce de la remise en liberté de celui qui était encore le "numéro 3" de l’UDPS au moment de son interpellation, l’auteur de ces lignes a joint à Kinshasa un cadre de cette formation politique. Quel est le motif qui a milité en faveur de la libération de Bruno Tshibala? "Qui peut connaitre, dans ce pays, le motif de son arrestation et celui de sa libération?", ricanait notre interlocuteur.
Décidé à en savoir un plus, il ne restait plus qu’aller frapper la porte de la "majorité présidentielle". Le contact a été finalement établi avec un officiel qui ne faisait guère mystère de son appartenance à la mouvance kabiliste. "Je suis étonné d’apprendre que Bruno Tshibala n’a pu quitter la prison de Makala que ce mardi 29 novembre, dit-il. Il était prévu qu’il soit relâché bien avant le 17 novembre". Qui avait prévu quoi?
Notre interlocuteur de livrer une version digne d’un roman d’espionnage. Aux lecteurs d’en juger. "En fait, raconte-t-il, Bruno Tshibala a été contacté durant sa détention à Makala afin qu’il succède à Augustin Matata Ponyo au poste de Premier ministre. Ce n’est qu’après que Samy Badibanga a été préféré. Inutile de vous faire un dessin pour vous faire comprendre que l’objectif consiste à affaiblir Etienne Tshisekedi." Que s’est-il passé après la nomination de Badibanga? "Nous avons passé un marché. En contrepartie de sa libération, Bruno Tshibala s’est engagé à faire partie du gouvernement d’union nationale en cours de formation". Info ? Intox? L’avenir le dira.
Une chose est sûre : Tshibala a été appréhendé le 9 octobre sur la base d’une "liste noire" établie par le procureur général de la République, le PPRD Flory Kabange Numbi. C’était au lendemain des manifestations des 19 et 20 septembre. Dans une fuite en avant, ce magistrat véreux avaient imputé la responsabilité "intellectuelle" des pillages et meurtres à plusieurs leaders de l’opposition regroupés au sein du "Rassemblement". La fameuse liste a été déposée aux postes frontières.
Alors qu’il était secrétaire général adjoint de l’UDPS, Bruno Tshibala a eu des phrase-chocs. Lors d’un point de presse co-animé, le 27 mai dernier, à Bruxelles, avec Félix Tshisekedi Tshilombo, secrétaire national de l’UDPS aux Relations extérieures d’alors, il avait déclaré que l’arrêt de la Cour constitutionnelle autorisant "Joseph Kabila" à rester au pouvoir au-delà du 19 décembre 2016 était une "épitaphe". Autrement dit, une inscription funéraire.
Au lendemain des tueries commises par les forces dites de sécurité lors de la manifestation des 19 et 20 septembre, il avait estimé le nombre des victimes de la répression à 100 tués. Au grand dam d’un pouvoir kabiliste qui l’avait plus que jamais dans son viseur. La suite est connue.
On espère que l’intéressé s’empressera de fixer l’opinion sur les conditions exactes de sa libération...B.A.W
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