Dialogue inclusif : l’E.U sur les pas des États-Unis
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Dans la communauté internationale, l’on est d’avis que la nomination du Premier ministre Samy Badibanga n’a pas résolu le problème.
Selon elle, il y a encore une chance d’épargner la RDC d’un chaos généralisé en engageant un dialogue véritablement inclusif. Ainsi, après les Etats-Unis qui l’ont fait savoir mardi par une déclaration de son Département d’Etat, l’Union européenne a embouché la même trompette : « Il est essentiel que le gouvernement et l'Opposition coopèrent constructivement ».
Il n’est pas bon que la République démocratique du Congo sombre dans un désordre indescriptible. La communauté internationale y travaille ardemment. Mardi dernier, le département d’Etat américain a, par une déclaration de son porte-parole, tiré la sonnette d’alarme, en soulignant l’urgence d’un dialogue entre les forces politiques antagonistes pour sortir le plus rapidement possible de la crise. A l’occasion, Washington a appelé autant le chef de l’Etat, Joseph Kabila, que le chef du Rassemblemen,t Etienne Tshisekedi, à se surpasser pour aider la RDC à sortir de l’impasse.
Le message des Etats-Unis n’est pas passé inaperçu. 24 heures après la prise de position du Département d’Etat américain, l’Union européenne est allée dans le même sens, tout en saluant l’implication de la Cenco (Conférence épiscopale nationale du Congo) dans la décrispation des tensions préélectorales en RDC.
Les partenaires de la RDC continuent à plaider pour un compromis plus large dans la classe politique en vue de passer en douceur la date fatidique du 19 décembre 2016 – date probable de fin de mandat du président Kabila. Depuis un temps, la Cenco s’est investie pour amener les forces politiques et sociales congolaises à adhérer à une vision commune autour d’un accord politique pour l’après-19 décembre 2016, sans compromettre l’accord politique signé le 18 octobre 2016 à la cité de l’Union africaine au terme du dialogue piloté par le Togolais Edem Kodjo.
Mais, le chemin pour y parvenir est parsemé d’embûches. La nomination, jeudi 17 novembre, d’un premier ministre, issu des rangs de l’Opposition minoritaire ayant pris part au dialogue de la cité de l’UA, a presque remis en cause la mission de conciliation des évêques. N’empêche ! A la Cenco, les évêques n’ont pas lâché prise. Malgré la désignation par le chef de l’Etat du nouveau Premier ministre, ils semblent engagés à mener leur mission jusqu’au bout.
Pour y arriver, la Cenco peut compter sur le soutien de différents partenaires au développement de la RDC. Ainsi, après les Etats-Unis qui lui ont formellement garanti son accompagnement, c’est le tour de l’Union européenne de lui réitérer son plein appui.
Bruxelles emboite le pas à Washington
Dans une déclaration faite hier mercredi 23 novembre depuis Bruxelles, le porte-parole de l’Union européenne, Catherine Ray, dit soutenir les « efforts politiques en cours en République démocratique du Congo ». Allusion faite notamment à la mise en place de l’accord politique de la cité de l’Union africaine et aux consultations menées actuellement par la Cenco.
« La nomination d'un nouveau premier ministre, Hon. Samy Badibanga, et la mise en place d'un nouveau gouvernement en RDC, viennent à un moment critique à quelques semaines de l'échéance constitutionnelle du 19 décembre », constate la porte-parole de l’Union européenne dans son communiqué. Pour Bruxelles, la responsabilité première du prochain gouvernement «consistera à réunir les conditions pour la tenue d'élections apaisées, crédibles et transparentes, conformément aux principes énoncés dans la Constitution et en accord avec la résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations unies ».
Pour ce faire, l’Union européenne ne cache pas son soutien aux démarches en cours des évêques de l’Eglise catholique. « L'Union européenne soutient pleinement l'action en cours de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) qui contribue à forger un consensus indispensable et large sur base de l'accord du 18 octobre. Il est essentiel que le gouvernement et l'Opposition coopèrent constructivement ».
Pour autant, Bruxelles appelle à une coopération entre la Majorité présidentielle et ses alliés de la cité de l’Union africaine à trouver un terrain d’entente pour installer un climat de confiance mutuelle. Cela n’étant possible que par le respect des exigences démocratiques reconnues à tout peuple. « Un climat politique apaisé est essentiel, sans entraves aux libertés d'expression et d'association », suggère l’Union européenne. Et de clamer tout haut : « Les récentes restrictions contre des médias doivent être levées immédiatement ».
Prenant acte de la nomination du nouveau Premier ministre, le jeudi 17 novembre, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait aussi encouragé les protagonistes congolais à trouver un accord plus large de manière à éviter l’implosion de la RD Congo.
Dissiper le spectre de la violence
Les appels à répétition des Etats-Unis et de l’Union européenne mais également de l’Onu doivent être pris au sérieux. C’est la preuve que la communauté internationale tient à une stabilité durable de la RDC. Après avoir dépensé autant de milliards de dollars dans le maintien de la paix en RDC, via la Monusco (Mission de stabilisation des Nations unies du Congo), la communauté internationale ne peut pas accepter que la RDC retombe à nouveau dans un cycle de violences.
En effet, tous les experts sont d’avis qu’une crise de grande envergure en RDC aura de graves incidences sur l’ensemble de la région des Grands Lacs. Aussi la communauté internationale a-t-elle mis tout en œuvre pour que la RDC ne se retrouve pas dans la situation du Burundi, devenu, à ce jour, un no man’s land. Leurs appels incessants traduisent le souci de voir la RDC sortir de l’impasse et envisager avec sérénité l’alternance démocratique au sommet de l’Etat.
Ainsi, pour une première fois, les Etats-Unis ont, dans leur communiqué du 22 novembre 2016, nommé les principaux responsables de la crise politique en RDC, à savoir le président Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi, président du Comité des sages du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement. Les deux gardent, pense-t-on à Washington et à Bruxelles, la clé de sortie de la crise politique en RDC. Ils devront mettre chacun de l’eau dans leur vin, afin de dissiper le spectre de violence qui plane au-dessus de la RDC.
C’est à cette tâche que s’attelle la Cenco. L’appuyer, comme l’ont recommandé les Etats-Unis et l’UE, c’est déjà aider la RDC à baliser la voie pour des élections apaisées et démocratiques - à très brève échéance.
Encadré
Déclaration du porte-parole de l’UE au sujet des efforts politiques en cours en RDC
La nomination d'un nouveau premier ministre, Hon. Samy Badibanga, et la mise en place d'un nouveau gouvernement en RDC, viennent à un moment critique à quelques semaines de l'échéance constitutionnelle du 19 décembre.
Sa responsabilité première consistera à réunir les conditions pour la tenue d'élections apaisées, crédibles et transparentes, conformément aux principes énoncés dans la Constitution et en accord avec la résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations unies. À cet égard, l'Union européenne soutient pleinement l'action en cours de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) qui contribue à forger un consensus indispensable et large sur base de l'accord du 18 octobre. Il est essentiel que le gouvernement et l'opposition coopèrent constructivement.
Pour ce faire, un climat politique apaisé est essentiel, sans entraves aux libertés d'expression et d'association. Les récentes restrictions contre des médias doivent être levées immédiatement.
Bruxelles, 23 novembre 2016