RDC: Rassemblement – Majorité : match nul !
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Le « Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement » et la Majorité Présidentielle viennent d’être renvoyés dos à dos par la délégation du Conseil de Sécurité venu en RDC prendre le pouls exact de la situation politique.
Au bout du compte, c’est le « match nul », car elle a n’a entériné ni l’Accord politique du Camp
Tshatshi, ni le mémorandum que Tshisekedi et ses compagnons venaient de remettre dernièrement à la CENCO (Conférence Episcopale Nationale Congo), activement engagée dans une mission de médiation entre les deux camps antagonistes.
La position onusienne est qu’il faut une feuille de route inclusive. En considérant l’Accord politique de l’Union Africaine comme une simple « base de travail » et le dialogue géré par le facilitateur Kodjo comme une étape devant conduire vers un consensus politique
élargi, les 15 diplomates du Conseil de Sécurité ont pratiquement opté pour un nouveau round de pourparlers entre toutes les parties prenantes.
Cette situation de ni « vainqueur », ni « vaincu », à l’étape actuelle de la crise congolaise, suppose soit la continuité de la mission de médiation entreprise par la Cenco (Conférence Episcopale Nationale du Congo), soit l’émergence d’une nouvelle structure –
pourquoi pas onusienne – pour relancer les négociations entre la Majorité Présidentielle et le Rassemblement. Une chose est au moins certaine : le dialogue de la Cité de l’Union Africaine n’a pas du tout réglé la crise congolaise.
La nouvelle règle du jeu voudrait que les parties prenantes à ce nouveau dialogue ou table ronde ou quelque chose du genre considèrent désormais leur « Accord politique » et leur « Mémorandum » comme des instruments de travail à harmoniser. Par conséquent, les uns et les autres devraient d’ores et déjà réfléchir aux divergences à aplanir en vue rencontrer le souci des Nations Unies de voir le Congo contourner le chaos qui se profile à son horizon à cause de l’incertitude liée à la non organisation de l’élection présidentielle dans le délai constitutionnel.
Les représentants du Conseil de Sécurité ont déblayé le terrain en insistant sur les mesures de confiance (levée de l’interdiction des manifestations publiques, cohabitation pacifique entre familles politiques, calendrier électoral consensuel et précis, tenue des élections dans des délais raisonnables, liberté d’expression et d’opinion, cessation d’actes de harcèlement des opposants, des activistes de la Société civile et des journalistes…), le respect de la Constitution, mais aussi le retour d’une paix durable dans la partie Est du pays.
La Majorité déçue… le Rassemblement aux anges
C’est la grande déception dans le camp de la Majorité Présidentielle, où l’on s’attendait à ce que la délégation du Conseil de Sécurité donne son quitus à l’Accord politique du Camp et partant à la mise en œuvre de la « période intérimaire » adoptée par ses participants, avec comme point de chute l’élection présidentielle en avril 2018, sans pour autant préciser si le président sortant pourrait se représenter ou pas. La déception est d’autant grande que le « gouvernement d’union nationale » devant cimenter ce deal politique était annoncé pour ce lundi 14 novembre 2016, sous la conduite d’un Premier ministre de l’Opposition signataire dudit accord. Bref, dans l’esprit des sociétaires du dialogue du Camp Tshatshi, l’Union Africaine et la CIRGL ayant déjà entériné l’Accord politique de la Cité de l’Union Africaine, le Rassemblement n’avait plus d’autre alternative que d’y adhérer ou de rester à la gare suivre du regard le départ fulgurant du train de la « Transition » vers des horizons nouveaux. La petite consolation pour la famille politique du Chef de l’Etat est que ce dernier, dans tous les cas de figure, reste à son poste jusqu’à ce que soit organisé son départ du pouvoir par des voies démocratiques.
Du côté du Rassemblement, on jubile car plusieurs observations de la délégation du Conseil de Sécurité recoupent ses revendications :
nécessité d’un débat autour des divergences contenues dans l’Accord politique du camp Tshatshi et son mémorandum, mesures de confiance, respect de la Constitution, respect de la Résolution 2277, calendrier électoral consensuel, non au 3me mandat de Kabila, etc.
Ce qui réjouit le plus Tshisekedi et ses compagnons de lutte, c’est l’exigence faite de ne pas postuler pour un troisième mandat et à l’ensemble de la classe politique de se retrouver dans un forum inclusif en vue de discuter de l’avenir politique immédiat de la République Démocratique du Congo. On se réjouit aussi du fait que les Nations Unies viennent de s’approprier le dossier de la crise congolaise, avec la participation de l’Angola et de plusieurs Etats africains qui donnaient l’impression d’avoir, au lendemain de la réunion de Luanda (26 octobre 2016), offert un chèque blanc à Joseph Kabila pour prolonger son mandat pour une durée indéterminée et imaginer une stratégie en vue de déverrouiller les articles de la Constitution qui lui interdisent de briguer un troisième, quatrième ou
cinquième mandat.
A présent, tous les regards sont tournés vers New York, dans l’attente de ce que va décider le Conseil de Sécurité pour aider le Congo à cheminer en douceur vers l’alternance politique au sommet de
l’Etat.
Kimp/Le Phare