RDC: Crise congolaise : lourde responsabilité pour la CENCO
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Kamerhe cherche à parasiter la médiation
Même si la Majorité présidentielle, l’Opposition et la Société civile signataires de l’Accord du Camp Tshatshi tentent de le nier, le délai de 21 jours qu’elles y avaient consigné pour la mise en place du « gouvernement d’union nationale » a largement expiré. Logiquement, après le feu vert des Chefs d’Etat et de gouvernement à ce deal politique lors de leur réunion du 26 octobre 2016 à Luanda, plus rien ne devait arrêter leur « train ». Or, cette locomotive de la « période intérimaire » continue de faire du sur place à sa gare de départ.
Entre-temps, non seulement la CENCO mais aussi des diplomates africains et occidentaux rivalisent des missions de bons offices entre Limete et Gombe en vue d’obtenir un rapprochement entre la Majorité présidentielle et le Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement. On peut signaler, à cet effet, le défilé endiablé de plusieurs acteurs politiques et de la Société civile hier jeudi 10 novembre 2016 au Centre Interdiocésain, siège de la CENCO (Conférence Episcopale Nationale du Congo). On n’y a vu passer des Sages du Rassemblement, Vital Kamerhe, Azarias Ruberwa, Jean-Lucien Busa, etc. Les observateurs ont cru lire à travers ces ultimes consultations la fin imminente de la médiation des Evêques catholiques. Quel va être le résultat ? Telle est la grande interrogation de l’heure.
D’aucuns notent que l’épiscopat congolais a maintenant la lourde responsabilité de traduire correctement les aspirations du peuple congolais dans les propositions de sortie de crise à soumettre aux deux principaux camps antagonistes, à savoir la famille politique du Chef de l’Etat et les alliés d’Etienne Tshisekedi.
C’est l’occasion ou jamais de donner une suite logique à son retrait des travaux du dialogue de la Cité de l’Union africaine et à son refus de signer l’Accord politique ayant consacré la prolongation du mandat de l’actuel Chef de l’Etat au-delà du délai constitutionnel et l’entrée du pays dans une transition ou « période intérimaire » à durée indéterminée. La Nation ainsi que l’Eglise catholique se souviennent que la CENCO avait claqué la porte du dialogue en raison de son caractère non inclusif, et plus précisément à cause de l’absence des forces politiques qui font l’opinion en RDC.
Il faut espérer que la CENCO, qui se trouve en possession à la fois de l’«Accord politique » du Camp Tshatshi et du « Mémorandum » du Rassemblement, va avoir le courage de les considérer comme la « base » d’éventuelles discussions entre les deux camps en vue de permettre au pays de cheminer vers un compromis politique indispensable à sa survie. La pire des choses dont devraient s’interdire les Evêques Catholiques, c’est d’assimiler leur mission de bons offices à une démarche visant l’adhésion du « Rassemblement » à l’Accord du Camp Tshatshi. Car ce serait là une grave trahison vis-à-vis des compatriotes morts, mutilés, exilés, torturés, emprisonnés, traqués par des procès politiques, dépouillés de leurs biens pour que le Congo redevienne un Etat de droit, où l’alternance au pouvoir n’obéirait plus aux humeurs des individus mais aux prescrits de la Constitution.
Kamerhe cherche à parasiter la médiation
Co-modérateur de l’Opposition présente au dialogue du Camp Tshatshi, Vital Kamerhe vient de choquer plus d’un compatriote en clamant que « les propositions formulées par le Rassemblement n’ont rien de constructif ». D’emblée, les masses laborieuses rangées derrière cette plate-forme politique ne peuvent s’empêcher de constater que cet acteur politique n’a d’autre visée que de parasiter la médiation de la CENCO.
Alors que le souci des Evêques catholiques est de convaincre les « Kabilistes » comme les alliés de Tshisekedi de se faire des concessions mutuelles face à leurs « feuilles de route », pareille déclaration n’est pas de nature à apaiser les esprits. Pourtant, la CENCO entreprend une noble mission consistant à mettre sur la table les divergences entre parties et à tenter, avec leur concours, d’en dégager des convergences susceptibles de conduire à un consensus politique. Si ce résultat est obtenu, c’est sûr qu’elle s’empressera d’en informer l’opinion tant nationale qu’internationale. Ce serait pareil s’il s’avère impossible de concilier les points de vue.
On peut penser que l’objectif poursuivi, à travers des déclarations négatives et des prises de position radicales, c’est de relancer la stratégie des invectives entre ceux qui ont signé l’Accord politique du Camp Tshatshi et le Rassemblement. Mais, si la médiation des Evêques catholique tourne à la catastrophe, à qui profitera le statu quo ?
Kimp/Le Phare