RDC: Les appels se multiplient pour un vrai dialogue
1393 Vues

Le caractère non inclusif du dialogue lancé par le facilitateur Edem Kodjo le jeudi 1er septembre ne fait plus l’ombre d’un doute.
On se souvient que le jour’ même du coup d’envoi, le précité s’était laissé convaincre par les participants de l’absence des poids de l’Opposition, d’où sa décision de suspendre les travaux pour 48 heures, le temps pour Vital Kamerhe, désigné co-modérateur pour le compte d’une frange de l’Opposition, de tenter une mission suicide en direction du Rassemblement, dont tout le monde connaît le fiasco.
Après trois semaines d’entêtement, Edem Kodjo, la Majorité présidentielle ainsi que l’Opposition qui lui est inféodée, viennent d’être rappelés à l’ordre par les manifestations du lundi 19 et du mardi 20 septembre 2016.
Le message principal envoyé par « la rue » aux faucons de la famille politique du Chef de l’Etat, à la communauté internationale et aux participants au fameux dialogue est que ce forum n’est pas celui appelé à relancer le processus électoral et booster l’alternance politique au sommet de l’Etat. Le désaveu des résolutions en chantier à la Cité de l’Union Africaine, avant même leur annonce publique, est patent.
Ayant sans doute pris la pleine mesure de la situation, la Conférence .Episcopale Nationale du Congo (CENO) vient d’annoncer son retrait d’un forum qui continue de souffrir du déficit d’inclusivité. Les Evêques Catholiques ont laissé entendre qu’ils ne pourraient reconsidérer leur position que si ce forum répondait aux critères de l’inclusivité.
Comme pour souligner le même défaut, la Nouvelle Société Civile Congolaise a, elle aussi, décidé de plier bagages.
Interpellée par le message de la « majorité silencieuse », qui refuse toute prolongation du second et dernier mandat de l’actuel Chef de l’Etat, la Communauté internationale, qui semblait déjà divisée dans son soutien à Edem Kodjo, vient de se prononcer clairement pour le retour à la case départ. Ainsi donc, les Nations Unies, les Etats-Unis d’Amérique, la France, la Belgique, la Grande-Bretagne… en appellent à l’organisation d’un vrai dialogue, auquel devraient prendre part l’Opposition ainsi que les organisations de la Société civile qui comptent réellement dans ce pays.
Bruxelles, par la voix de son Vice-Premier ministre et ministre des Affaires Etrangères, Didier Reynders, a même proposé Saïd Djinnit, Envoyé spécial du Secrétaire général de l’Onu dans les Grands Lacs, comme facilitateur du nouveau dialogue.
Par ailleurs, les objectifs d’un tel dialogue sont clairement définis l’élaboration d’un calendrier électoral’ mettant au premier plan l’élection présidentielle et l’organisation de cette dernière dans le meilleur délai, à une date précise, en vue d’une passation civilisée des pouvoirs entre le président sortant et son successeur à sortir des urnes de manière transparente, démocratique et pacifique.
Le chaos aux portes du grand Congo
Lorsqu’il y a quelques mois, un rapport de l’ONU faisait état de la perspective d’une fin d’année chaotique en République Démocratique du Congo au cas où l’élection présidentielle n’était pas organisée dans le délai constitutionnel, l’alerte paraissait relever de l’excès de zèle. Mais, après ce qui s’est passé à Kinshasa lundi et mardi derniers, mais aussi ce qu’avait connu la capitale en janvier 2015, chacun peut constater que le « glissement » du calendrier électoral en général et du scrutin présidentiel en particulier constitue un « problème ».
D’où, les observateurs pensent qu’à l’image de la marche-arrière effectuée par le Parlement au sujet de la tentative de révision de la loi électorale, et ce à la suite des manifestations de rue à Kinshasa pendant cinq jours, ceux qui cherchent le passage en force dans leurs velléités de prolongation du mandat du chef de l’Etat en fonction, auraient intérêt à rechercher un consensus politique par le biais d’un dialogue inclusif. Un « glissement collectif », avec la caution morale des participants à un dialogue inclusif, ferait moins de dégâts qu’une initiative ayant l’air d’un complot contre la République et son souverain primaire. Les avertissements venus des Congolais d’en-bas, qui se reconnaissent de moins en moins dans leurs gouvernants, à cause notamment de leur incapacité à éradiquer la pauvreté, en dépit d’immenses opportunités de créer des richesses au bénéfice de la multitude, devraient en tirer les leçons qui s’imposent afin de ne pas tomber dans les travers de la fin de règne des « Mobutistes ». Le peuple ne demande rien d’autre que d’user de son droit de sanctionner positivement ou négativement les futurs participants aux compétitions électorales.
Des ambassadeurs hier chez Tshisekedi
Une délégation comportant plusieurs ambassadeurs accrédités à Kinshasa s’est rendue hier après-midi à la résidence d’Etienne Tshisekedi, sise rue Pétunias, dans la commune de Limete.
On croit savoir que les échanges entre ces diplomates et le Président du «Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement» ont porté sur la recherche des voies et moyens de mettre en œuvre le vrai dialogue, réellement inclusif.
Au regard des réactions qui fusent de plusieurs chancelleries occidentales contre un dialogue non inclusif, celui qui se tient à la Cité de l’Union Africaine a très peu de chance d’atterrir en douceur.
Par Kimp