RDC-Covid-19 : Confinement total, quand le plan Gentiny Ngobila devient incotournable à Kinshasa

Plusieurs élus de Kinshasa, observateurs et épidémiologistes...l'appuient, notamment deux députés de l'opposition Daniel Safu et Eliezer Ntambwe qui apportent soutien à sa démarche.

Par la  Nouvelle Afrique 

À Kinshasa, le report in extremis et sine die du confinement total de la capitale congolaise pour prévenir contre la propagation du Coronavirus avait suscité un véritable tollé au sein de l'opinion. Nombreux sont ceux qui ont pointé d'un doigt accusateur les autorités de la ville province pour avoir voulu, estiment-ils, instaurer un mode de prévention très mal ficelé.

Le gouverneur Gentiny Ngobila, lui même qui avait voulu de ce confinement avant de faire le revirement quelques jours après, a dû endosser tous les péchés d'Israël, les adversaires politiques et une certaine population de Kinshasa l'accusant de tous les maux.

Cependant, certaines indiscrétions ont témoigné que le successeur d'André Kimbuta aurait été sommé par le pouvoir central de surseoir la mesure alors que les esprits des Kinois semblaient déjà préparés pour affronter la triste réalité. L'attitude affichée par la population samedi 28 mars dernier, était une preuve irréfutable qu'elle était déjà préparée au confinement. La ville s'étant réveillée déserte à plus au moins 70%.
 
Face à une annulation qui avait créé une sorte d'imbroglio, on note quelques élus nationaux de Kinshasa, reconnus pourtant trop critiques à l'endroit de Ngobila, dénoncer l'interventionnisme du pouvoir central pour dérouter les mesures préventives préconisées par le chef de l'exécutif provincial. 

Les députés nationaux Daniel Safu et Eliezer Ntambwe parce que c'est d'eux qu'il s'agit, ont sur un plateau de télévision kinoise, fustigé le comportement du gouvernement Ilunkamba à travers le Vice-Premier Ministre et Ministre de l'intérieur d'avoir violé délibérément la loi sur la décentralisation et les principes qui consacrent l'autonomie des provinces.

Pour ces honorables députés, la décision du gouverneur de confiner totalement Kinshasa d'une manière intermittente était et demeure salvatrice pour parer à la propagation du COVID-19 dont seul le confinement a produit un peu partout des résultats encourageants. Ils n'ont pas manqué de qualifier la décision du Gouvernement central d'une mesure du "roi fainéant".

Sur un autre chapitre, il faut noter que la décision du Gouvernement provincial avait également son côté monnaie, car pour cautionner ces mesures de confinement total, certaines autorités au niveau national avaient exigé à la ville de Kinshasa une somme de plus d’un million de dollars comme moyens d’accompagnement de la mise en œuvre du confinement en termes de motivation et achat d’équipements de protection de la police et des services de sécurité, alors que tout le budget d’investissement de Kinshasa est retenu au niveau du gouvernement central. 

Dans la logique du slogan "le peuple d’abord", au niveau de la présidence avec quelques acteurs de l’UDPS, on a jugé que la population risque de mourir de faim pendant la période de confinement. D’où il fallait barrer la route au confinement total.

Il est vrai Kinshasa est le siège des Institutions y compris la présidence de la République, mais on doit ne non plus faire fi à son caractère de province sous administré et sous l'autorité d'un gouverneur à qui la loi lègue spécifiquement le pouvoir de gestion de la cité. 

Aujourd'hui plusieurs observateurs soutiennent que les 3 semaines de confinement avec intermittence que venait d'annoncer l'autorité provinciale, deviennent cruciales pour rompre avec la chaine de contamination. 

De ce qui précède, on ne peut redouter l'imprévisible. Selon les épidémiologiques, ce mois d'avril, la RDC pourrait arriver à plus de 60.000 cas non identifiés par l'INRB au regard des moyens limités, sans oublier une période d'hécatombe épidémiologique qui s'annonce. D'ailleurs, le Docteur Jean-Jacques Muyembe venait d'annoncer le pire qui attend la ville province de Kinshasa. Il l'a déclaré sur Top-Congo. Pour lui, "le confinement est incontournable".

Pendant ce temps, sur le plan économique, le pays risque de connaitre une baisse totale des ressources, l'argent ne circulant plus et la banque centrale ne restant qu'avec près de 3 semaines seulement pour couvrir l'ensemble des importances du pays.

Ensuite, tout en s'interrogeant sur ce qui pourrait advenir au cas où la surveillance épidémiologique ne serait plus faite correctement, la RDC qui vient de connaître une inflation de 0,609% au niveau national et 0,637% à Kinshasa à la dernière semaine du mois de mars risque d'enregistrer en cumul, l'inflation de 1, 655% au niveau national et 1,632% à Kinshasa car l'inflation annualisée se situe à 6,785% au niveau national et 6,689% à Kinshasa. Ce qui implique qu'en glissement annuel, il n'est pas exclu que cela atteigne 5,285% au niveau national et 4,660% à Kinshasa. Signalons qu'à la fin de mars 2020, l'inflation mensuelle est de 0.884% au niveau national et de 0,838% à Kinshasa. 

Tous ces facteurs réunis, démontrent que le Congo risque gros si jamais des précautions ne sont pas prises dans un temps raisonnable.

Ces argumentataires comme tant d'autres exprimés sur les réseaux sociaux et dans les médias donnent raison au plan Gentiny Ngobila qui a fait du confinement total la stratégie pour repondre ou exécuter les mesures barrières du Chef de l'Etat Tshisekedi qui du reste, se préoccupe de la santé et du bien-être des congolais.

En tout cas, même si une certaine opinion qui décidément croit lui régler les comptes politiques ne semble pas le reconnaître, un jour, on attribuera le mérite à Gentiny Ngobila Mbaka d'avoir voulu préserver les Kinois de ce mal invisible, à travers cette mesure.

En attendant un autre rendez-vous du confinement total, le numéro un de la ville province ne croise pas les bras. Il a fait une descente en personne sur terrain pour sensibiliser les kinois et les kinoises sur le covid 19. 

Ngobila, seul au volant avec mégaphone sensibilisant les habitants de Kinshasa n'a pas lésiné sur les moyens pour l'intérêt de ses administrés. Il a engagé quatre jeeps acquises sur fond propre de la ville pour sa tournée qui est partie de l'hôtel de ville jusqu'à Matete en passant par la place victoire et le boulevard lumumba de Limete. 

De passage, la joie des kinois était perceptible.

La Nouvelle Afrique