Le pape accuse les manuels scolaires français de propager la « théorie du genre »
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Le pape François a accusé, dimanche 2 octobre, les manuels scolaires français de propager un « sournois endoctrinement de la théorie du genre ».
S’exprimant devant les journalistes dans l’avion qui le ramenait à Rome après une visite trois jours dans le Caucase, le pontife argentin a raconté une anecdote rapportée par un père de famillefrançais, effaré que son fils de 10 ans envisage de devenirune fille.
Selon le pape, ce père de famille catholique a raconté comment son fils, interrogé pendant un repas de famille sur ce qu’il voulait faire plus tard, lui avait répondu : « Etre une fille. » Selon les mots du pape François :
« Le père s’est alors rendu compte que dans les livres des collèges, la “théorie du genre” continuait à être enseignée, alors que c’est contre les choses naturelles. »
Pour le chef de l’Eglise catholique, « avoir des tendanceshomosexuelles ou changer de sexe est une chose », mais« faire un enseignement dans les écoles sur cette ligne » en est une autre. Il s’agit là d’une volonté de « changer les mentalités », d’une « colonisation idéologique », a estimé le pape, qui avait dénoncé, samedi à Tbilissi, la « théorie du genre » comme l’un des aspects d’une « guerre mondiale pourdétruire le mariage ».
« NE DITES PAS QUE LE PAPE SANCTIFIERA LES TRANS »
La « théorie du genre » est l’expression utilisée par une part de la société qui s’inquiète des études et enseignements ouvrant à une perception nuancée des différences entre les sexes.
Interrogé sur l’attitude à avoir avec les personnes homosexuelles ou transsexuelles, le pape François a cependant répété qu’elles devaient être accueillies, accompagnées et aussi intégrées que possible. « J’ai accompagné des personnes avec des tendances, des pratiques homosexuelles, je les ai rapprochées du Seigneur. Certaines ne peuvent pas, mais je ne les ai jamais abandonnées », a-t-il assuré.
Le pape a raconté avoir reçu une lettre d’un Espagnol lui racontant comment il avait décidé de changer de sexe pour devenir homme. « Il s’est marié, a changé d’état civil et m’a écrit cette lettre pour me dire que ce serait une consolation devenir me voir avec sa femme. Je les ai reçus », a-t-il raconté.
« La vie est la vie et les choses doivent se prendre comme elles sont », a-t-il ajouté. « Ne dites pas que le pape sanctifiera les trans, je vois déjà les titres des journaux, a précisé Jorge Bergoglio. C’est un problème moral qui doit se résoudrecomme on peut, mais toujours avec miséricorde. »
La ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a réagi, lundi 3 octobre sur France Inter, aux allégations du pape François, regrettant « une parole légère et infondée » et invitant le chef de l’Eglise à « venir rencontrerles enseignants en France ». « Dans les manuels, on parle de la nécessité de ne pas hiérarchiser entre un genre et un autre », a-t-elle précisé.
« Je n’imaginais pas que le pape François se laisseraitembarquer par des intégristes et leur folie mensongère. Ça me met en colère. »
UN PRÉCÉDENT
Ce n’est pas la première fois que le pape s’exprime sur la théorie du genre. Il l’a fait à plusieurs reprises lors de voyages à l’étranger, notamment en janvier 2015, lors d’une conférence de presse organisée à bord de l’avion papal de retour des Philippines, où il était question que le gouvernement facilite l’accès à la contraception. Le chef de l’Eglise catholique avait critiqué indirectement les pays riches et les organisations internationales qui cherchent àinfluencer le style de vie et la morale des pays les plus pauvres.
Le pape avait pris l’exemple d’un ministre de l’éducation nationale qu’il a connu autrefois et qui proposait deconstruire des écoles pour les plus démunis à condition que leurs bibliothèques mettent à disposition un livre sur la théorie du genre qui pose la question du rôle de l’homme et de la femme.
« Il s’agit de colonisation intellectuelle. Ils colonisent les peuples avec des idées qui cherchent à changer les mentalités et les structures. »
« Mais il n’y a rien de nouveau. Cela a été fait par les dictatures du siècle dernier », avait-il ajouté, citant les Jeunesses hitlériennes et l’Œuvre nationale Balilla, leur homologue italienne fondée sous le régime de Benito Mussolini.
Le Monde.fr