RDC: le stade des martyrs se meurt faute d'entretien

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 RDC: le stade des martyrs se meurt faute d'entretien

La nature reprend de plus en plus son droit au stade des Martyrs.

L’enceinte sportive kinoise se meurt sous le regard passif de son gestionnaire. Des immondices çà et là, des mauvaises herbes prennent de la hauteur à travers l’enclos, au point que la nuit, il serait imprudent d’y circuler en cas d’absence de l’électricité. Un manque d’entretien criant qui traduit la mauvaise gestion dont est victime cette bâtisse de l’Etat.

A l’entrée côté Pont-Gaby, c’est la désolation. Une vaste étendue verte s’offre aux visiteurs. Une verdure pas comme celle laissée pas les Chinois, constructeurs du stade. Des mauvaises herbes ont pris le dessus sur la pelouse, donnant au site l’air d’une savane où s’abritent des brigands. Ici, certaines atteignent plus d’un mètre. 
Le terrain annexe n’existe que de nom. La pelouse nature n’est plus visible et cède la place au sable. En cas de pluie, les eaux stagnantes y restent pendant plusieurs jours. On n’est pas loin d’un potager.
Ces espaces verts se transforment en véritable cachette pour les délinquants et autres malfrats. " Il faut être un courageux pour passer aux alentours du stade des Martyrs la nuit tombée", témoigne Cécile, une vendeuse des maniocs. "Plusieurs bandits se cachent sous ces herbes et s’attaquent à des gens qui s’hasardent à passer par cet endroit à pieds", poursuit-t-elle reconnaissant être elle-même victime. 
"Dans le caniveau qui longe le boulevard Triomphal, plusieurs descentes policières ont été menées pour assainir les lieux. Mais, par moment, ces poches d’insécurité reviennent en force. Le vrai problème, c’est le manque d’éclairage aux alentours du stade des Martyrs qui est à la base de l’insécurité", soutient un policier.
Non loin de là, le stadium de basketball fait désormais office d’un refuge des enfants de la rue, car les portails n’existent plus. Les murs ont perdu leurs peintures originelles et une verdure est née de la présence des algues qui gagnent de l’espace. 
Un pauvre fonctionnaire trouvé sur les lieux ne sait à quel saint se vouer pour sauver l’édifice. " Que puis-je faire ? Je n’ai que ce râteau pour enlever toutes ces mauvaises herbes. Je ne sais pas si les gestionnaires de ce stade se rendent compte de la façon dont ce site se meurt", explique-t-il en murmurant. Tout comme à l’extérieur du stade où trois agents s’activent à couper l’herbe sans pourtant disposer des moyens nécessaires.

NON PAIEMENT DES FONCTIONNAIRES
L’intérieur du stadium laisse à désirer. Les quatre bureaux administratifs n’ont de serrure. Un morceau de fil électrique sert de fermeture pour l’un d’entr’eux. Fort heureusement qu’aucun document administratif ou équipement de valeur ne s’y trouve. 
"Les responsables de la fédération et des ligues emmènent avec eux tous les documents officiels. Parfois, le matin, quand ils arrivent, ils louent les chaises en plastique pour s’asseoir jusqu’aux alentours de midi. Et après, aucune activité ne se déroule sur le site", confie discrètement une jeune vendeuse de pains habituée de lieux. 
Le gazon sur l’aire de jeu s’enlève au rythme de match ou de combats d’arts martiaux organisés nuitamment. Un morceau de planche, servant de marquoir lors des rencontres, reste abandonné à l’entrée. Le fonctionnaire présent ne montre aucun intérêt à le garder dans un lieu sûr démotivé suite au non-paiement qu’il accuse depuis bientôt trois mois.
Et pourtant, aux entrées situées sur le boulevard Triomphal, se dressent deux grandes effigies d’un produit d’une société cosmétique de la place. 
A quoi sert l’argent payé pour cette publicité sur le site ? Silence-radio côté comité de gestion. "Nous ne pouvons pas répondre à cette question", lâche un fonctionnaire trouvé dans les bureaux du gestionnaire. "Nous avons beaucoup de charges", renchérit un autre sans avancer le moindre détail. 
A vrai dire, explique un habitué des lieux, " le comité de gestion du stade des Martyrs n’a aucune charge, si ce n’est celle d’entretenir le site. Les agents œuvrant dans ce stade sont payés mensuellement aux frais de l’Etat. Ce sont des fonctionnaires de l’Etat ", grommelle M. Mpeti se réclamant parmi les doyens travaillant au stade des Martyrs. 

Rachidi MABANDU/Forum des As





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