RDC : "Les FARDC sont responsables du plus grand nombre des violations" (Michelle Bachelet)
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A l’issue de sa visite en République démocratique du Congo, la haut-commissaire des nations unies aux droits humains a peint un tableau amélioré de 3 pourcents de la situation des droits humains.
Par la Nouvelle Afrique
Michelle Bachelet a constaté qu’en dépit de ce léger progrès, les acteurs étatiques restent responsables des nombreuses violations.
« Dans l’ensemble, il y a une réduction de 3% du nombre des violations des droits de l’homme vérifiées. Cependant le nombre et la gravité demeurent préoccupants pour la population. Le fait que les acteurs étatiques soient responsables de la majorité de ces violations, à hauteur de 54%, m’inquiète particulièrement. Ils ont commis moins de violations, mais ont toujours la plus grande responsabilité » a-t-elle indiqué dans une interview sur radio okapi.
Le gros de responsabilité incombe à 28 pourcents aux FARDC qui se dérobent de leurs missions de protection des civils et de l’intégrité du territoire, fait remarquer l’ancienne présidente du Chili qui invite le gouvernement à faire de son mieux pour que cessent les manquements dont les forces armées congolaises sont auteurs.
Les groupes armés ne sont du reste dans le réquisitoire de la haut-commissaire qui les accuse des graves violations sur les civils impactant ainsi sur l’augmentation des violences sexuelles.
« D’un autre côté, nous observons une augmentation de 40% des violations et atteintes aux droits de l’homme perpétrées par les groupes armés, avec un effet dévastateur sur les civils. Donc, nous constatons une légère baisse d’une façon générale, la proportion des actes commis par les acteurs de l’Etat se maintient, et l’on observe une hausse d’activité des groupes armés. L’autre chose qui nous préoccupe, c’est l’augmentation des violences sexuelles. »
Au chapitre des progrès, Michelle Bachelet fait constater une baisse sensible des violations des droits fondamentaux. Le droit à la manifestation et à la liberté de la presse est de plus en plus garanti.
« C’est une évolution positive que nous reconnaissons pleinement. Toutefois, il est important de continuer de faire tous les efforts afin qu’il n’y ait aucune violation de droits politiques et civiques, y compris les attaques contre les défenseurs des droits de l’homme ou d’autres acteurs de la société civile et, bien sûr, les manifestations doivent continuer d’être libres et sans répression.»
Au sujet du vœu des acteurs de la société civile de voir la cour pénale se saisir des cas auteurs des crimes en RDC, Michelle Bachelet estime que la grande responsabilité de rendre justice revient à l’Etat.
« Et en ce qui concerne la CPI, son rôle premier est d’aider à mettre fin à l’impunité des acteurs responsables des crimes les plus sérieux et les traduire devant la justice, afin de prévenir de tels crimes. Mais comme vous le savez, la CPI ne peut pas se substituer au gouvernement congolais. Elle vient en appoint. Il est du ressort du Congo de juger ces auteurs de crimes graves d’atteinte aux droits humains. La CPI ne peut intervenir que si un gouvernement n’a pas les ressources nécessaires ou les capacités nécessaires pour traduire ces personnes devant la justice. Il revient donc aux autorités congolaises de traduire en justice les responsables des crimes les plus sérieux, y compris ceux commis dans l’est du pays »
Notons qu’au cours de son séjour en RDC, Michelle Bachelet a rencontré le chef de l’Etat Félix Tshisekedi après un bref séjour dans la province de l’Ituri où elle a échangé notamment avec le conseil provincial de sécurité.
La Nouvelle Afrique