RDC: passage en force: kabila décide de la clôture du dialogue
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Lors d’une réunion tenue hier dimanche à Kingakati, les participants ont été instruits par l’autorité morale de la MP de clôturer le dialogue de la cité de l’UA dans le plus bref délai.
Des indiscrétions parlent, plutôt, de 24 heures, mais aussi de la mise sur pied d’une cellule chargée des élections. La MP se montre impatiente d’arracher un accord politique, en ignorant l’absence d’inclusivité de son dialogue qui viole la R 2277 de l’Onu. Voilà qui pue le passage en force à mille lieues.
Entre le marteau et l’enclume, le dialogue national qui traîne en longueur ne fait pas l’affaire de l’autorité morale de la Majorité présidentielle (MP). Lors d’une réunion tenue à Kingakati, dimanche 9 octobre 2016, le président de la République a demandé à ses partisans de trouver un accord politique dans les 24 heures. La marche forcée est justifiée par le fait qu’il lui faut quelque chose en main avant la réunion de la SADC et de la CIRGL de Luanda convoquée le 27 octobre. Au cours de cette rencontre, les participants ont été également instruits de mettre en place une cellule de préparation des élections sans préciser la date de la tenue de celles-ci.
Selon le compte rendu fait par le secrétaire général de la MP à la presse, « le président de la République a réuni le bureau politique de la MP, les présidents des groupes parlementaires, certains leaders des partis politiques qui comptent et des délégués au dialogue national. Il a été question d’évaluer le dialogue national inclusif : où en sommes-nous ? Que reste-t-il à faire ? Que doit faire la Majorité présidentielle afin que nous puissions signer l’accord ? ». Selon Aubin Minaku, « pour nous de la Majorité, le dialogue national inclusif doit incessamment clôturer ses travaux par un accord. C’est la seule voie pour que nous puissions permettre à la République d’organiser les élections par le biais de la Céni. Nous avons évalué chaque thématique portée par le dialogue national inclusif et nous avons levé les options qui permettront, nous en sommes sûr, au facilitateur et à tout le monde de pouvoir, à l’unisson, remettre au peuple un accord potable ».
Par ailleurs, une dépêche de la cellule de communication de la MP indique, sous le titre « Création d’une cellule de coordination électorale au sein de la MP», cette cellule dont la composition sera connue dans les prochaines heures, va travailler sur les aspects stratégiques, politiques, matériels et financiers des élections au niveau de la MP. Pour la MP, les options ainsi levées, un accord pourra être signé lundi ou mardi pour sanctionner les travaux du dialogue inclusif ».
Le dialogue de la cité de l’UA piétine et son facilitateur ne peut pas le clôturer parce que la MP a décidé de tout bloquer si dans l’accord, un « mandat déguisé » n’est pas accordé à son autorité morale. En réalité, l’opposition au dialogue national joue bien sa partition, en ne suivant pas comme des moutons de Panurge les délégués de la majorité. Selon des sources de la MP, certains caciques n’ont pas apprécié le projet présenté par le facilitateur Edem Kodjo estimant qu’il serait allé « loin ». Pire, pour eux, il faut non seulement un mandat déguisé de trois voire quatre ans, il leur faut aussi une rallonge sur les volets techniques sur la base de laquelle sera conclu l’accord politique.
Dans la conception de la MP, le dialogue ne devrait être qu’une caisse d’enregistrement de toutes les stratégies adoptées dans un laboratoire et pour lesquelles toutes les discussions n’avaient qu’une seule finalité : avaliser ces conclusions agréées par la MP. Mais, la RDC n’est ni le Congo-Brazzaville, encore moins le Burundi pour faire passer comme une lettre à la poste des recommandations qui violent la Constitution et mettent une croix sur la démocratie laborieusement instaurée au prix du sang de nombreux Congolais depuis 1990 voire bien avant.
A l’avènement de l’AFDL avec Laurent-Désiré Kabila en tête, pour tous les Congolais, c’était le retour d’une vraie démocratie. Les deux cycles électoraux de 2006 et de 2011 ont conforté les Congolais dans leur rêve de voir la démocratie véritable s’installer dans leur pays. C’est pour cette raison que malgré les irrégularités constatées en 2006 puis en 2011, les ceux-ci avaient accepté de laisser faire afin d’améliorer et consolider le processus démocratique. En 2016, tous comptaient franchir une étape supplémentaire dans la consolidation de la démocratie en vivant pour la première fois, une alternance pacifique à la tête du pays. Mais rien n’y est fait parce que la MP tient à maintenir le président Kabila au pouvoir contre la volonté de tous inscrite dans la Constitution du 18 février 2006.
Toutes les manœuvres dilatoires qui ont émaillé cette période jusqu’à ce jour démontre à suffisance que la stratégie mise en place était voulue, entretenue, pensée et appliquée avec le seul objectif de violer la Constitution.
Signe avant-coureur
Lors de sa prestation de serment le 20 décembre 2011, au plus fort de la crise née des élections contestées de Ngoy Mulunda, le président réélu n’avait osé déclarer qu’il exercerait son deuxième et dernier mandat ainsi que le veut la Constitution. Les esprits alertes avaient compris que la volonté de quitter en douceur le pouvoir n’existait pas dans le chef du président Kabila.
Les faits et gestes qui ont suivi ont démontré que le président Kabila n’est nullement habité par la volonté de quitter les affaires. La Ceni est privée de moyens, de lois fantaisistes sont exhumées notamment sur le recensement et le démembrement des provinces juste pour embrouiller davantage la lisibilité de la démarche politique adoptée à la tête du pays.
L’atterrissage en trombe du dialogue par la signature d’un accord ne tenant compte que de la volonté de la MP sera perçu comme un coup de force. Personne ne sera disposé à suivre la majorité dans cette voie suicidaire tant au pays qu’à l’extérieur.
Le langage embouché les 19 et 20 septembre risque de se radicaliser davantage et conduira le pays dans des situations difficiles à gérer au regard de la violence qui s’est installée durablement dans l’est du pays. La seule issue qui reste à la MP pour faire atterrir le dialogue en douceur est d’accepter que les délais soient raccourcis dans l’organisation des élections afin de les tenir au plus tard en 2017 et son autorité morale, frappée d’interdiction de se représenter aux scrutins par la Constitution, devra renoncer publiquement à toute tentation de déstabiliser le pays pour se maintenir au pouvoir. Le Te Deum sera ainsi entonné à la cité de l’UA parce qu’il y aurait une fumée blanche en lieu et place d’une boule de feu qui consumera la case entière et ses occupants dedans.
Le Potentiel